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-- Misschoko


Jenny, ou la vie d'une ado presque normale

Prologue
J'erre sans but dans les couloirs du lycée. Je ne sais pas pourquoi. Je ne comprend pas ce qui se passe autour de moi. Mais peu importe : je dois arriver jusqu'à lui. Qui ? Aucune idée, mais il faut que je le rencontre. Ma conscience me portera jusqu'à lui. Je tourne à droite au fond d'un couloir vers… un autre couloir. Sombre. Très sombre.
J'ai mal à la tête. Très mal. Le vent souffle autour de moi, m'embarquant dans une mini-tornade. Je lève la tête, mais ne vois aucune fenêtre ; je me retourne, mais il n'y a pas de lumière derrière moi. Où suis-je ? Je tends les bras sur les côtés ; j'effleure du bout des doigts les murs lisses et froids. Le vent se fait plus violent. Mes jambes menacent de céder sous mon poids. Mais je continue. Je dois le trouver. Pour quoi faire ? Je n'en sais rien. Je suis épuisée. Je ne peux plus réfléchir. Ma tête me fait affreusement souffrir.
Je tombe à genoux. C'est le vent qui m'a fait tomber. Il continue de siffler à mes oreilles, menaçant de me crever les tympans. Mais je l'ignore et continue à quatre pattes vers lui. Le vent forcit. Le couloir se resserre ; je n'aurais bientôt plus la place nécessaire pour me retourner. Alors c'en sera fini : je mourrai ou je le retrouverai. Je continue d'avancer, le vent continue d'essayer de me faire rebrousser chemin. J'arrive enfin à me relever, je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi.
Le couloir devient si étroit que je dois me mettre de profil pour avancer, à présent. Je me demande soudain si cela fait forcément mal de mourir, ou au contraire, si on peut mourir sans souffrir ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mon cerveau refuse catégoriquement de réfléchir, à cette question en tout cas.
Soudain, je me sens tomber. Où ? Aucune idée. Pourquoi ? Je ne sais pas non plus. À quelle vitesse ? Je ne sais pas exactement, mais très, très vite. La chute est longue. Puis, j'ai l'impression que le temps a ralenti. Une tache blanche apparaît devant mes yeux. Qu'est ce que ça peut être ? L'air se durci de façon inexpliquée autour de moi. Comme si… Comme si c'était devenu de la soupe. Plutôt épaisse. J'ai la sensation désagréable d'étouffer. La tache blanche se rapproche de moi. Une silhouette noire se découpe soudain dans le rond de lumière. Cette silhouette a… des ailes ?

- Phœnix…!
C'est moi qui viens de parler ? Mes paroles résonnent comme dans un tunnel. Qui est cette silhouette ? Je n'ai pas besoin de me le demander ; c'est lui, aucun doute là-dessus. Mais pourquoi suis-je autant attirée par lui ? Je me rapproche un peu plus ; qui est donc ce Phœnix ? Un peu plus près ; je distingue son visage : il a l'air plutôt jeune et me rappelle quelqu'un. Encore plus près ; je me sens attirée par lui, inexplicablement…
Je vais me loger dans ses bras quand je distingue des paroles et des pleurs derrière moi. Je me retourne tant bien que mal. Dos à Phœnix, je scrute l'obscurité, le néant. L'image d'un couple apparaît devant moi. La femme pleure toutes les larmes de son corps tandis que l'homme retient les siennes. Ils sont détruits. Ils me sont familiers… Qui est-ce ? J'entend la femme murmurer :

- Pas toi, Jenny… Pas toi…
Jenny… Ce nom me disait quelque chose… Bien sûr ! C'est moi, Jenny ! Je souris au couple : ce sont sûrement mes parents… Cet effort ne fait qu'empirer ma migraine. Je me met à avancer vers mes parents. Mais il m'attrape la cheville.
- Pas question, Jenny. Tu restes avec moi.
Je veux lui répondre, mais aucun son ne sort de ma bouche. J'essaye de le faire lâcher prise, mais il ne fait que resserrer sa prise sur mon pied. Cela ne sert à rien de lutter. Il est trop fort - pour moi en tout cas.
Il est sur le point de me casser la cheville. Au secours ! Puis, mon cerveau accepte de fonctionner de nouveau. Je met au point une tactique. Je feins d'abandonner. Il lâche ma cheville pour me prendre dans ses bras et me chuchoter des mots à l'oreille. Je profite de cet instant pour lui assener un violent coup dans le ventre. Il se tort en deux ; je poursuis mon chemin vers mes parents. La lumière devient plus éclatante dans mon dos. J'avance, encore et encore. Ils sont si près… Le vent, qui était tombé, recommence soudainement à souffler. Je suis prise d'une violente migraine et tombe à genoux. Je perd connaissance tout en sachant que c'est peut-être la fin.