Moi c'est Amandin. Je suis un lapin … et j'adore manger. Ma maman me dit toujours que je mange trop. Moi je trouve que ce n'est pas vrai : je ne mange pas trop, je mange quand j'ai faim, c'est tout ! Bref, ma famille et moi, on habite dans un clapier, chez un éleveur de lapins : il y a mes frères, mes soeurs, mon papa, ma maman et moi. On est très heureux : on a à manger, à boire, on peut jouer, dormir… Tout ce que j'aime ! Et puis, il y a mon meilleur ami, Pinpin, dans le clapier en face du nôtre.

Un jour notre éleveur est rentré pour nous donner à manger. Je me suis approché du grillage pour pouvoir manger des granulés, des carottes et de la laitue le premier. Il est arrivé à la hauteur de notre clapier. Il m'a caressé le nez et m'a tourné le dos pour nourrir la famille de Pinpin. Il lâcha un cri de surprise.

Il avait prit le père et la mère de Pinpin dans sa main.

Personne ne comprit le sens de ces mots. Il reposa les parents de Pinpin dans leur clapier et ouvrit le nôtre. Il me prit et me déposa dans la maison de mon meilleur ami.

Puis, il donna à manger aux autres lapins. Inquiet pour Pinpin, je n'avais pas pensé à me ruer sur la gamelle comme je faisais quand elle était pleine. Il revint et mit son visage à la hauteur de la grille, qu'il ouvrit. Il reprit les parents de Pinpin et partit avec eux. Ce dernier n'avait pas peur et se mit à grignoter une carotte. Je fis de même. Nous avons joué ensemble toute la journée. Quand nous nous sommes endormis, les parents de Pinpin n'étaient pas revenus…

Les jours passaient. Pinpin attendait ses parents. L'homme avait déjà pris mon père et ma mère, ils n'étaient pas revenus non plus. Avec le temps, ils prit aussi mes frères et mes soeurs. Pinpin et moi, nous étions les derniers de notre famille. Il prit aussi d'autres lapins. Une portée est née. Il avait l'air si content !

Puis un jour, il prit Pinpin. Et là, je me suis retrouvé vraiment seul. Je ne mangeais plus, je dormais à peine. Je passais mes journées allongé sans rien faire. Je ne sais pas comment, mais je grossissais quand même. Environ une semaine après la disparition de celui qui avait été comme un frère pour moi, la porte de mon clapier s'ouvrit, laissant apparaître une main qui m'attrapa par les oreilles.

L'homme me mit dans une caisse, dans le coffre de sa voiture. Il y avait beaucoup de secousses. Et puis les ténèbres du coffre cédèrent leur place à la lumière du jour. L'homme me reprit par les oreilles et serra la main à un autre homme venu l'accueillir, qui portait un tablier blanc et rouge. Mon éleveur me donna à l'autre, qui entra avec moi dans un bâtiment qui sentait le sang et la viande fraîche. Je commençais à avoir la nausée. L'homme m'allongea sur une planche en bois et saisit un couteau de cuisine.

Un douloureux picotement me prit la gorge, puis, tout devint noir. Je savais que je venais de rejoindre ma famille et mes amis.