Moi, c'est Naïade. Je suis une jeune tigresse de Sibérie. Je vis tranquillement avec ma mère, qui chasse pour moi et mon frère quantité d'animaux. Elle est si gentille ! J'aime dormir au creux de ses pattes les nuits d'hiver : c'est tellement chaud…

Un jour, enfin, une nuit, je dormais tranquillement. Et puis on a été réveillés par des cris. Je me suis demandée ce que c'était. Maman était déjà penchée au-dessus de nous, en signe de protection. Je n'ai pas pu m'empêcher de jouer avec sa queue. Je ne peux pas rester couchée cinq minutes, sauf si je dors. Mon frère, lui, s'allongea et suivit tranquillement la scène des yeux. Quel flemmard ! Maman a grogné, et j'ai arrêté de jouer.

Deux humains sont arrivés. Maman nous a dit de nous cacher dans un trou, sous elle. On a obéi et entendu des gros bruits. Je ne sais pas ce que c'était. Puis les humains ont poussés comme des cris de victoire. Du liquide rouge a coulé dans notre cachette. Mon frère s'est collé à moi. Les hommes ont parlé de fourrure, et la lumière du jour est entrée dans notre cachette.

Le deuxième a passé sa tête dans le trou et nous a attrapés. Je me suis débattue, mais mon frère était calme. J'ai essayer de l'imiter. Un des hommes a marmonné un truc à propos d'un cirque.

Cela fait trois ans que mon frère et moi faisons des numéros dans un cirque. Selon les visiteurs qui visitaient les cages avant et après le spectacle, on était maigres à faire peur. C'est vrai que pendant les entraînements, j'ai de moins en moins d'énergie… Je me fais mal que je rate un saut. Le plus embêtant, c'est qu'ils ne nous donne que deux poulets le matin et un le soir. J'ai tellement faim pendant un spectacle…

Aujourd'hui, le directeur est venu nous voir et nous a emmené sur la piste. On devait partir le soir même. Je ne comprenais rien à ce qui arrivait. Des lions étaient là, les plus vieux.

Puis un homme nous a rejoins. Il a discuté avec le directeur.

Le directeur est parti. L'homme a sortit un couteau de sa poche. Puis il a commencé à tuer un a un les lions. Puis mon frère. Puis ce fut mon tour. L'homme me regarda et me dit de me coucher, un tour que je connaissais. Alors, j'ai obéi et je suis restée couchée, un drap sur moi.

J'entend les hommes remballer autour de moi le chapiteau. Mon drap se soulève… L'homme qui m'a sauvé la vie. Je pousse un soupir de soulagement. Les corps des lions sont empilés dans un coin. Mon frère repose au-dessus de tous. Le sable de la piste est teinté de rouge. Je regarde mon sauveur : la lueur de pitié dans ses yeux s'est éteinte. Il me regardait sans me voir. Le directeur est arrivé et m'a montré du doigt. Il a passé un savon à l'homme, qui a ressorti son couteau.

Je suis partie rejoindre mon frère, ma mère et mes amis du cirque. À jamais.