Hey ! Moi, c'est Gruyère, un petit rat. Je suis né dans une cage tapissée de mousse, sous le regard d'un humain qui s'occupe bien de nous : il nous donne à manger, à boire… Le seul truc, bizarre, c'est qu'il vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec une blouse blanche… Très bizarre même.

Un jour, je l'ai entendu dire un mot aussi bizarre que lui. Il a parcourut ma cage des yeux, puis celle à droite de la mienne, et celle à gauche. Puis il a ouvert ma cage et saisi ma mère.

J'ai attendu plusieurs heures, mais elle n'est pas revenue. Puis la nuit est arrivée. Quand je me suis réveillé, elle n'était pas là. Puis, l'homme bizarre est revenu. Sans ma mère. Il a ouvert ma cage et m'a pris dans ses mains. Il portait des gants en plastique. Quelle horrible odeur !

Il m'a posé sur une table blanche, sur le dos. J'ai jeté des coups d'oeil affolés partout : quatre chaînes pendaient. Il me les attacha aux pattes. Je ne pouvais plus bouger. Il suivit le tracé d'une veine sur ma patte et y enfonça une seringue. Il préleva une bonne quantité de sang, qu'il analysa. Puis il me fit avaler de force un comprimé. Il me détacha et me donna à boire.

Puis, voyant que le comprimé ne faisait aucun effet, il étiqueta la boîte, la rangea et en sortit une autre. Et un autre comprimé, un ! Et de deux ! Trois !

Je me sentais vraiment mal. Il rangea la sixième boîte et me donna enfin de l'eau. J'avais tellement soif ! Il sortit une nouvelle boîte de médicaments. Quand est-ce que ç'allait finir cette histoire ?

Cette fois-ci, ce fut le comprimé de trop. Je me suis effondré. Je l'ai entendu grommeler quelques chose. Puis j'ai senti une violente pression sur mon ventre. J'ai ouvert les yeux. Il m'avait mis un tuyau dans la bouche. Un étrange liquide coulait. J'ai conclu au goût sucré que c'était du sirop. Pour humains, comme le reste des médicaments. Je n'étais qu'un petit rat de laboratoire, soumis aux actions humains. Oui, était : car je suis mort ce jour-là, à cause de tous ces tests.